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Est-ce que notre idéal de départ correspond avec la réalité de notre entreprise aujourd’hui ?

Évidemment non, mais quel cheminement depuis le début de notre aventure avec MaltBroue.  Pourquoi ces propos ?

J’ai été invitée dans le cadre du Rassemblement Jeunesse du Bas-Saint-Laurent,  à parler de mon expérience face à la conciliation entrepreneuriat et environnement dans une entreprise en alimentation… ça m’a amenée à réfléchir à la question.  Disons que l’environnement est un angle sous lequel on ne s’attarde pas nécessairement quand on est en démarrage d’entreprise.

Flash back en 2002, année où tout à commencé, année où on a cru qu’on allait révolutionner le monde de la bière au Québec avec notre entreprise ! Il n’y avait rien à notre épreuve, on était capable de tout !

En fait, vous savez quoi ?  On est encore capable de tout et on va aider à révolutionner le monde la bière au Québec.  Notre naïveté a été de croire qu’on pourrait le faire en 2 ans 😉

Bref, est-ce possible de concilier environnement et entrepreneuriat ? J’en suis venu à la conclusion que, oui, en autant qu’on soit capable de faire des détours ou mettre en veilleuse pendant un certain temps nos idéaux environnementaux.

Je m’explique.  Démarrer une entreprise, avec ce que ça demande en investissement (temps & argent), commande nécessairement que ça vienne de nos tripes, de nos passions.  Et qui dit passion, dit idéaux et valeurs.

C’est ce qui nous guide dans nos choix d’affaires, mais il faut aussi être capable de s’ajuster en cours de route parce que, pour atteindre nos idéaux, il faut parfois faire des détours, faire un pas en arrière, un pas qui nous permettra sans doute de mieux avancer. C’est ce qui nous est arrivé au cours des dernières années. Il ne faut pas se leurrer, les petites entreprises comme nous n’ont pas de budget alloué à l’amélioration environnementale juste pour le plaisir d’améliorer l’environnement. Même si par nos valeurs, on aimerait donc faire ci et ça pour être un meilleur citoyen corporatif, ces améliorations doivent nécessairement passer par la rentabilité avant d’être adoptées. Il en va de la survie de notre entreprise.  De toute façon, c’est certainement le cas des grosses entreprises aussi…

Nous avons expérimenté l’agriculture biologique, mais nos idéaux à ce niveau ont dû être révisés pour le bien de notre projet d’affaires.  Par contre, il fallait trouver un compromis qui ne vienne pas trop à l’encontre de nos valeurs.  Est-ce qu’on va retourner à l’agriculture biologique ? Finalement, c’est le marché qui va le décider.

Même chose pour nos procédés techniques.  Nous avons implanté plusieurs petites choses qui, oui, font une différence au point de vue de la protection de l’environnement, mais par le fait même, ils nous servent du point de vue monétaire.

Il ne faut pas oublier que si on regarde le tout sous le développement durable, ça inclut aussi un développement économique fort. Il faut donc travailler avec les deux.

Donc, on regarde toujours nos améliorations environnementales avec un œil sur notre porte-feuille.  Est-ce qu’on peut s’améliorer encore ? Évidemment ! On a quelques projets en tête qui serviront la cause environnementale et nos finances.  La réalité est que nous devons établir nos priorités et qu’actuellement, la priorité no 1 est de faire notre place sur le marché.

Je sens que mes propos vos peut-être créer quelques remous parmi l’auditoire le 12 septembre prochain.  Être obligé de faire des détours pour atteindre nos idéaux n’est pas toujours une option envisageable parmi les idéalistes écologiques.  C’est correct, je suis passée par là.  Moi aussi je n’ai pas écouté tous les conseils des experts entrepreneurs, agriculteurs, marketeurs, et autres « eurs » qui ont voulu nous aider en partageant leur expérience.  Aujourd’hui, je SAIS qu’ils avaient raison.  Et quoi que je puisse dire, je sais que certains resteront sur leur position puisque c’est avec l’expérience qu’on devient plus sage.

J’écrirai sans doute un autre billet à ce sujet suivant le panel de discussion auquel je participe, je  pourrai alors vous dire les retombées de mes propos.  Pour ceux du Bas-Saint-Laurent qui me lisent, il est encore temps de s’inscrire !

Pour les autres lecteurs, vous savez que vous pouvez faire une différence ?  Tout simplement en exigeant que votre bière préférée soit brassée avec du malt québécois !  Nous avons des clients à travers le Québec et, si jamais vous vous faites répondre que votre microbrasserie préférée n’utilise pas de malts québécois, eh ! bien, ce ne sera qu’une question de temps avant que le changement soit fait.  N’oubliez pas que le client est roi et que ce qu’il demande, il finit par l’obtenir !