La question de l’isolement des communautés a été traitée par Benoit Descary. Il a prononcé la conférence de clôture de l’Université d’été sur la francophonie des Amériques à Edmonton en Alberta le 15 juin 2013 et j’y ai contribué par un témoignage sur le sujet.
J’ai été, en quelque sorte, un exemple concret de ces barrières qui tombent en participant, à distance via Google Hangout, à cette conférence. D’ailleurs, si ce n’était pas des médias sociaux, je n’aurais fort probablement jamais connu Benoit Descary… et bon nombre de personnes qui composent aujourd’hui ma communauté d’affaires.
Bâtir une communauté forte sur les médias sociaux
D’abord, qu’est-ce qu’une communauté? J’ai bien aimé la description dans ce billet. Une communauté est basée sur la notion de partage et de centres d’intérêts communs. C’est un groupe de personnes qui communiquent, sont généreuses et impliquées.
En lisant cette définition, on comprend que nos communautés FORTES ne sont pas nécessairement composées de milliers de personnes, sans toutefois exclure cette possibilité. Il arrive que les médias sociaux permettent le développement d’une communauté forte et nombreuse qui s’allie le temps de répondre à un besoin.
La communauté est souvent éphémère. Elle se dissout d’elle-même, ou perd des membres, sans heurt, quand les centres d’intérêts évoluent sur des chemins différents.
Une communauté peut permettre de développer des amitiés, mais ce n’est pas son but premier. La communauté permet de regrouper des gens ayant des intérêts communs, point. Le reste dépendra des individus à l’intérieur de la communauté et de comment ils entretiendront ces contacts.
En quoi est-ce que les médias sociaux rapprochent les communautés?
Les médias sociaux facilitent les échanges entre les individus. En donnant accès à un très large bassin de personnes qui, potentiellement, peuvent partager les mêmes intérêts, il devient beaucoup plus probable de trouver des personnes avec qui bâtir une communauté.
Ça ouvre nos horizons et élargit les possibilités de créer un bon maillage. Notre communauté n’est plus limitée à se développer dans notre village, notre quartier ou notre région.
Elles m’ont permis de développer des relations de valeur et de me mettre en lien avec des personnes que je n’aurais pas côtoyées autrement. Simplement parce que, partageant les mêmes intérêts, ces personnes finissent par savoir quelles autres personnes pourraient partager des intérêts avec nous et nous mettre en lien.
Avoir des communautés, c’est faire du réseautage bonifié.
J’ai un réseau d’affaires, mais j’ai aussi une communauté d’affaires. Pour moi, il y a une nuance.
Le réseau d’affaires est composé de mes clients, fournisseurs et membres des réseaux auxquels je participe comme la chambre de commerce ou contacts dans mes différents réseaux sociaux.
Ma communauté d’affaires est celle qui partage mes intérêts, contribue à mon développement et prend plaisir à partager avec moi. Et vice et versa.
L’humain, au coeur des affaires, a toujours été présent, mais on sent qu’il prend de l’importance. On choisit de faire affaires avec une entreprise bien souvent à cause de la personne derrière celle-ci.
Si ce sont des raisons mercantiles qui ont guidé nos choix, la relation d’affaires durera à long terme si la relation humaine derrière la transaction est satisfaisante.
Je crois que, si on est en affaires et qu’on vise à sortir de son réseau habituel, pour prendre de l’expansion, faire de l’exportation ou augmenter son chiffre d’affaires, on a tout intérêt à utiliser les médias sociaux. C’est un accélérateur au développement lorsque c’est bien utilisé.
J’en conviens, c’est tout un défi à réaliser d’utiliser ces outils sans y perdre un temps précieux. Ça prend de la méthode, mais quand on s’ouvre au monde, on ne sait pas jusqu’où ça peut mener!
Une même personne peut faire partie de plusieurs de mes communautés en même temps. C’est ce qui permet la synergie entre les communautés.
Êtes-vous d’accord avec cette opinion? La discussion s’est amorcé cette semaine sur Facebook, j’aimerais la poursuivre ici! C’est un sujet qui peut se traiter sous tellement d’angles. La discussion est ouverte!
MISE À JOUR
À la suggestion de Luc Gendron dans les commentaires ci-bas, je copie ici la conversation qui avait débuté sur Facebook. Je l’avais mise en lien dans le paragraphe précédent, mais il est vrai que, Facebook ne nous appartenant pas, qui sait ce qui arrivera de cette intéressante conversation dans le futur! 😉
Cindy Rivard – Une question pour vous : les médias sociaux peuvent-ils aider à briser l’isolement entre les communautés? J’aimerais vos expériences et opinions à ce sujet. Ceux qui me connaissent bien connaissent, sans aucun doute, déjà mon opinion là-dessus 😉
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12 juin, à 07:49
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Cindy Rivard Je suis absolument d’accord avec toi pour les individus. Pour les communautés c’est une toute autre histoire! C’est drôle que ce soit toi qui répond en premier parce que si je pose cette question aujourd’hui, c’est parce qu’il y a 4 ans, tu m’as contacté personnellement sur Twitter et que nous avons développé une relation de valeur. Nos communautés sont maintenant en relation. Tu comprendras en lisant mon billet sur le sujet dans quelques jours, mais tout part de là alors c’est de «ta faute»
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Micheline Bourque Salut Cindy, je ne sais pas si ce vidéo t’aidera dans ta réflexion, mais, c’est exactement le sujet du livre de Sherry Turkle qui s’intitule Alone Together. Elle postule que la technologie a l’effet pervers parfois de nous mener vers des endroits où il ne faut pas aller: être ensemble mais pas ensemble… Dis moi ce que tu en penses. J’ai hâte de lire le livre. Le temps me manque. http://www.ted.com/talks/sherry_turkle_alone_together.html12 juin, à 12:01
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Cindy Rivard Excellente vidéo que j’avais déjà écouté avec attention. Je l’ai ré-écouté pour alimenter ma réflexion. Je suis d’accord avec ce qu’elle dit, mais elle parle de relations PERSONNELLES entre 2 individus. Une communauté suppose plusieurs individus et ne répond pas à un besoin de vraie amitié ou d’amour. En ce sens, elle a totalement raison. La suite sur mon blogue, vendredi12 juin, à 12:24
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Micheline Bourque Très personnellement, je fais partie de plusieurs communautés. Je constate avec le temps que par la force des choses, il y a des liens qui se forment entre une et l’autre des communautés. Parfois de ma propre initiative, parfois parce que la communauté propose quelque chose (ex. événement) que je trouve important de partage avec mes autres communautés. Dans ce sens là, je serai d’avis que cela peut briser une forme d’isolement. J’aimerais davantage voir la problématique sous l’angle des synergies entre collectivités. J’espère que je suis plus claire!
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Luc Gendron Qu’il s’agisse de communautés, de réseaux ou de groupes (physiques ou virtuelles), il ne peut y avoir de synergie que lorsque les leaders sont curieux et à l’écoute des autres (groupes, réseaux ou communautés); non à faire de la simple auto-promotion. Si le chef d’une tribu crie au sommet d’une montagne et qu’il est entendu par les leaders de la tribu voisine sans que ces derniers ne répondent, a-t-il brisé son isolement?
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Cindy Rivard Pas la même, mais en même temps, selon les individus, elle peut être tout de même authentique Sylvain. Il faut savoir écouter sur les médias sociaux pour bâtir des communautés. Si on ne fait que parler seul et que personne n’écoute ou que l’on n’écoute personne, rien ne se bâtira.12 juin, à 12:50
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Sylvain Dionne Bien d’accord, Cindy. La base des relations en et entre communauté est le dialogue, qui se fonde avant tout sur une écoute attentive et sensible, permettant d’offrir ou de recevoir une réponse tout aussi sensible, attentive et judicieuse. Toutefois, malgré l’authenticité manifestée, je crois que la relation est nécessairement plus franche et directe lorsqu’on » confronte » son interlocuteur en vrai… Non?12 juin, à 12:55
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Luc Gendron Ça me rappelle ce billet http://bit.ly/19roloM
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Sylvain Dionne Selon la signification que l’on donne au terme » communauté «, je pense que les médias sociaux facilitent l’ouverture et permettent de briser un certain isolement, en effet. Je prends pour exemple le statut des travailleurs autonomes qui, par définition, travaillent de manière généralement isolée dans leur univers. En ce qui me concerne, considérant qu’il n’existe pas de regroupement des professionnels en communication dans la région, cela a permis de créer et d’entretenir des contacts avec des professionnels de mon secteur, de recourir à ou d’offrir des avis, d’échanger des idées ou de partager des projets, de discuter de pratiques, bref de sortir d’un certain isolement professionnel même si je ne crois pas qu’on puisse vraiment parler d’une » communauté » de communicateurs… Du moins, pas encore…
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Micheline Bourque Finalement, l’isolement, ça ne serait pas un choix aujourd’hui. Il n’y a aucune raison d’être isolé avec tous les moyens qui existent d’entrer en relations avec des gens. La communauté, c’est l’exemple de gens qui disent non à l’isolement à quelque part et oui à l’ouverture, l’échange et le partage!
Des lectures pour continuer la réflexion
Un réseautage patient et constant
La principale nuance entre une communauté et un réseau (groupe ou équipe) réside dans le partage d’un capital (patrimoine) commun. Les membres d’une communauté co-construise un capital pour tous et chacun. Un réseau anime des échanges, partage des outils et réalise des projets pour ses membres sans nécessairement construire de capital autre que les liens entre les gens.
Quant à ta question et peu importe le moyen, il a bris d’isolement s’il y a de véritables liens de communications qui s’établissent entre les communautés et non seulement de simples interactions. Ce n’est pas parce que des personnes diffusent qu’elles communiquent. Pour communiquer, il faut d’abord prendre le temps d’écouter et de fournir du feedback par la suite.
Ceci dit, les réseaux sociaux peuvent briser l’isolement et constituer de puissants environnements de communications et de co-construction lorsque les gens s’investissent à comprendre les autres et non seulement à diffuser leurs messages.
Comme les réseaux sociaux et l’Internet se développent selon les axes des intérêts et de la langue, les communautés éloignées géographiquement peuvent se rapprocher d’autres communautés peu importe leur localisation. Des communautés de participants habitants partout sur la planète peuvent également émerger et se développer.
Je vois qu’on pense la même chose Luc. C’est avec l’investissement de soi que tout change. Merci d’avoir su mettre d’autres mots sur la différences entre communauté et réseau.
😉
Au lendemain de la fête des pères, je pourrais également associer le mot communauté à celui de famille. À l’instar de cette dernière, il ne faut pas uniquement se préoccuper de l’efficacité des processus, mais, et surtout, de son esprit!
Une suggestion: mettre la conversation sur Facebook en MAJ de ton billet pour en assurer une certaine pérennité.
Merci pour ta suggestion Luc! Ça allonge beaucoup le billet, mais pour ceux qui s’intéressent à la question, ils seront sans doute heureux de lire tout ça.
Les réseaux sociaux offrent la possibilité d’intégrer une communauté certes mais dans la vie réelle il y a de plus en plus de solitude. Si cette cohésion «virtuelle» pouvait améliorer nos relations sociales dans la réalité, on pourrait dire alors que ses réseaux dits sociaux sont vraiment bénéfiques à la société non?
Vous avez raison, en partie. Je crois que tout part de l’individu. S’il reste derrière son écran et ne va pas à la rencontre de sa communauté en personne, il ne contribue pas à briser sa solitude. Pour moi, une communauté forte est celle qui se bâtit, peut-être, en ligne, mais qui entretient ses liens hors ligne.
La création des réseaux sociaux tendent surtout à briser la solitude, à se créer un nouveau cercle d’amis. Mais c’est aussi je trouve un lieu où des personnes jouent des rôles et il y a ceux qui se cachent derrière un pseudo de peur d’être jugé ou «découvert». En résumé, ce n’est ni totalement bon, ni totalement mauvais.
Communauté, c’est un mot qui peut évoquer bien des concepts. Un groupe n»est pas en soi une communauté. Il faut associer à communauté les mots partage, échange, collaboration, ouvertures, découvertes et autres. Ce sont ces aspects qui m’interpellent dans le contexte du web social. L’isolement peut être un choix. Il peut être la résultante de difficultés particulières (ie problèmes de mobilité, langagières, d’environnements fermés). Dans l’un ou dans l’autre des cas, il est clair que les médias sociaux créent des ouvertures à l’échange, partage. On les choisit pour différentes raisons, dont pour certains, j’en ai la certitude, de briser l’isolement. S’ouvrir à autrui peut être un problème ou une qualité d’ordre personnelle ou institutionnelle.
Une communauté ne peut exister si personne ne donne. Il faut apporter une contribution. Cela peut se faire en douceur…. comme quoi, je sens que petit à petit, je fais partie de ta communauté et toi de la mienne….
Ton commentaire va tout à fait dans le sens d’une phrase d’Antoine de Saint-Exupéry que j’aime beaucoup et qui illustre la couverture de ma page Facebook : «Que signifie apprivoiser? C’est une chose trop souvent oubliée. Ça signifie créer des liens…» Comme quoi on est en train de s’apprivoiser petit à petit 😉
Il est vrai que les réseaux sociaux rassemblent et à la fois divisent. Une notion à prendre en compte c’est qu’ils existent plusieurs réseaux sociaux, l’individu fait donc partie de plusieurs cercles (bien illustré par Google avec G+ d’ailleurs).
Concernant l’isolement, je tends à penser l’apogée d’une relation en ligne aboutit à une rencontre IRL autour d’un tweet apéro par exemple.
La rencontre IRL est l’idéale en effet et cette rencontre IRL est déterminante pour le suite de la relation. Si nous sommes «vrais» en ligne, la personne que nous rencontrons ne sera pas déçue ou déstabilisée par le changement. J’ai fait de si belles rencontre IRL qui me donnaient l’impression de rencontrer un ami de longue date!
Les médias sociaux sont devenus un outil fondamental de partage qui nous permet d’être connectés aux autres, parfois même malgré nous. Néanmoins, il est certain que ce type de réseau aide à briser l’isolement entre des communautés qui peuvent ainsi se rapprocher et créer des liens entre elles.
Merci pour cet article! Les réseaux sociaux permettent en effet de créer des communautés mais pour que celles ci soient utiles et fonctionnent il est nécessaire je pense d’alimenter des conversations sur ses pages. D’être présent et actif, je pense notamment pour une entreprise, que si l’on est pas actif sur nos pages, notre communauté s’essouffle.
Je pense que les réseaux sociaux peuvent casser l’isolement mais à vouloir ne communiquer qu’à travers cela, ils créent paradoxalement une autre forme d’isolement. Plus que jamais, passer de la réalité au virtuel semble aujourd’hui facile mais à quel prix?
«L’histoire de la plupart des communautés qui s’organisent et des grands mouvements sociaux remonte à … des conversations entre amis et étrangers qui ont découvert un sens commun à ce qui était important pour eux».
Margaret J, Wheatley The community of the future
À la base de la communauté, je crois qu’il y a des valeurs communes, un partage de connaissances, une «sensibilité» personnelle à l’égard de chacun des membres, un investissement personnel en temps balisée par volontariat d’adhésion et de retrait du membre de la communauté.
Très intéressante discussion.
Salutations!