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Yes, we can

© Blue Moon

Pour gagner une campagne électorale, il existe différentes techniques efficaces. Au lendemain des élections municipales au Québec, on en a eu plusieurs exemples, pas toujours très éloquents, comme en fait part une influente blogueuse et experte du marketing et des stratégies Internet au Québec, Michelle Blanc.  Aujourd’hui, ce 4 novembre, il y a maintenant un an que Barack Obama remportait la campagne électorale présidentielle aux États-Unis, en mobilisant les Américains, entre autres, par les médias sociaux.

On dit qu’Obama a utilisé principalement les bonnes vieilles techniques de « grassroots » pour gagner sa course à la présidence: tenir des assemblées de cuisine, des party, poser des affiches, discuter avec des piétons en marchant sur les trottoirs d’un quartier résidentiel, recueillir des signatures pour une pétition, recueillir des fonds de plusieurs petits donneurs pour se payer de la publicité, organiser de grandes manifestations, demander aux personnes de soumettre leurs opinions aux médias et aux représentants de l’État et, enfin, tenir des activités pour faire sortir le vote, les rappeler le jour du vote et assurer leur transport aux bureaux de vote. Mais qu’en est-il réellement au niveau du Web?

Comment cette mobilisation des gens s’est traduite sur Internet et sur le terrain? J’ai participé au Rendez-vous des professionnels des médias par Infopresse tenu en septembre dernier où Rahaf Harfoush, spécialiste des médias sociaux de l’équipe de la campagne d’Obama, a entretenu les participants à ce sujet. Aujourd’hui directrice adjointe du Global Cooperation Initiative au Forum économique mondial depuis mars 2009, cette jeune canadienne – qui ne connaissait pas Obama! – mais qui voulait regarder et apprendre comment se réalise une telle campagne, a filé à Chicago. Elle a eu la chance d’ailleurs de travailler avec Chris Hughes, l’un des fondateurs de Facebook, sur la campagne en ligne du candidat à la présidentielle.

L’essentiel de la conférence de la jeune femme est que tout ce qu’ils ont fait, « c’est de connecter les gens ensemble! » Le my.barack.obama.com est devenu « Organizing for America », le site du président américain.  Son équipe a réussi à créer la nouvelle en médiatisant l’utilisation des médias sociaux dans une campagne aux élections présidentielles américaines et en proposant aux blogueurs de participer à cette campagne d’espoir et de changement par leur créativité.  Elle a eu l’audace de mettre à l’avant-plan l’engouement populaire, surtout les premiers donateurs, les petits dons à la campagne de financement populaire (grass root), l’effort des bénévoles qui donnent leur temps pour soutenir localement un parti politique. Bref, elle a travaillé avec la base, redonnant ainsi le goût de s’engager activement dans la politique.

Ce que nous pouvons retenir de la présentation de madame Harfoush au plan des médias sociaux, c’est que l’équipe a appris sur le tas, a bâti en cours de route avec les internautes, c’était un « work in progress ». Prenons pour exemple, à la veille de l’Halloween, la création de citrouille reprenant l’image d’Obama, avec la même typographie ! La clé : c’est de commencer avec quelque chose de simple.  Par exemple : un sondage avec une seule question.

Les médias sociaux ont permis à Obama de passer ses messages, de conscientiser les Américains sur ses enjeux, recueillir leurs commentaires et leurs opinons et, ultimement, de les amener voter. Je crois aussi que les médias traditionnels ont mis en lumière ce qui se passait sur la grande toile, en faisant état du mouvement créé. La force de cette campagne fut le pouvoir de rassembler des idées, des opinions, mais aussi des objections, des critiques, tout en se préparant à y répondre en disant qu’on entend et comprend bien le point de vue de l’autre et rappeler notre message. C’était, à mon avis, un grand forum citoyen via l’agora qu’est Internet. C’est honnête et simple, mais aussi preuve d’une grande humilité.

La vraie invitation d’être l’ami Facebook ou Myspace d’Obama, qui provenait de ses bénévoles, ce fut de faire partie prenante de son équipe, de l’action en ligne… Recevoir un courriel du candidat, connaître avant tout le monde son colistier (son V.P.) en textant HOPE, courir la chance de dîner avec lui ou même visionner une publicité très populaire de bière adaptée au besoin de la cause. Mais, c’est surtout l’action hors ligne qui importait! C’est le sentiment que chaque geste posé par l’électeur compte que l’équipe Obama a réussit à transmettre aux personnes inscrites sur leur site et à une majorité d’électeurs. « On leur a proposé 5 choses qu’ils pouvaient faire : devenir bénévole, faire du porte-à-porte, téléphoner, trouver des événements ou se connecter à MyBO. L’utilisation d’une application IPhone fut un succès. Le truc, c’était d’y aller dans le respect du niveau d’engagement des gens : vous avez la clé du changement entre vos mains, donner 5 dollars, téléphoner à 5 puis à 10 amis, des connaissances ou des voisins, puis à des inconnus pour voir son nom s’inscrire dans le top 100 des meilleurs télé-recruteurs! » En créant des concours, c’est le côté compétitif des Américains qui fut exploité!

Qu’en est-il aujourd’hui, un an plus tard? Le 44e président s’adresse aux Américains chaque semaine et continue le dialogue avec eux  . La présidence américaine est dorénavant en mode 2.0 !

On peut voir l’entrevue que Rahaf Harfoush a accordée à Infopresse . Son ouvrage – que je me suis procuré – intitulé Yes We Did: An Inside Look at How Social Media Built the Obama Brand, est disponible depuis mai 2009.

Il est également possible d’entendre la conférencière ici (environ une heure de présentation vidéo).

Merci à Rahaf Harfoush pour le partage de son expérience très inspirante et fort enrichissante en termes de médias sociaux et surtout de mobilisation des électeurs!

Et vous, que retenez-vous de cette campagne 2.0?