Que vient faire Judith Jasmin, cette journaliste des années 50 à 70, dans un billet en 2013? Je viens de terminer sa biographie, que j’ai fort appréciée d’ailleurs, pour tout ce que j’ai appris sur cette grande dame. Mais je n’en aurais sans doute pas parlé sur mon blogue si ce n’était pour ce que j’ai lu vers la fin du livre. Je vous relate certains commentaires qu’elle a faits à propos de la télévision, quelques semaines avant sa mort, en 1972 (Tirés du livre de Colette Beauchamp, Judith Jasmin, de feu et de flamme aux éditions Boréal).
Il n’est donc plus question d’ignorer l’électronique ou de la ranger au nombre des gadgets futiles de la société de consommation. Il faudrait au contraire prendre très au sérieux un tel médium [télévision] et lui imposer des normes rigoureuses.
J’aimerais ici remplacer le médium «télévision» par «médias sociaux». Il me semble que cette phrase est tellement actuelle de nos jours. 40 ans plus tard. N’est-ce pas incroyable? 40 ans plus tard, beaucoup pensent encore qu’on n’a pas à se préoccuper de ces nouveaux médiums que sont les médias sociaux.
Tous ceux qui y participent [les artisans de la télévision] doivent se rendre compte qu’il y a là une responsabilité: faire attention au choix des émissions, à l’orientation des émissions, à la programmation tout entière, à ce qu’on donne à voir aux gens, à ce qu’on les empêche de voir.
On tarde à sensibiliser nos jeunes, on veut interdire plutôt qu’éduquer, se fermer les yeux plutôt que s’en mêler. Et ça ne concerne pas seulement les jeunes! On ne réfléchit pas toujours à ce qu’on donne à voir, ou pas, aux gens sur nos réseaux. Les médias aussi, de nos jours, se laissent parfois griser par la vitesse du scoop plutôt que la profondeur de la nouvelle. Mais les artisans de ce médium d’aujourd’hui ne sont plus constitués d’une petite élite. C’est vous, c’est moi, c’est nous.
Les autorités quelles qu’elles soient, les groupes de pression, tous les leaders de notre société ont laissé un peu aller tout ça presque au hasard. Tous ces grands changements qui vont se faire chez nous, on ne s’en préoccupe pas assez.
Judith Jasmin tentait de changer les choses comme aujourd’hui d’autres tentent de le faire. Je pense entre autres à l’instauration d’un plan numérique au Québec ou à voir l’éducation autrement.
Mais en général, la question est encore très pertinente: est-ce qu’on s’en préoccupe assez?