Il y a 6 ans, presque jour pour jour, débutait notre projet de vie. Mon amoureux et moi avons décidé de nous lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat. On avait enfin trouvé le projet qui allumait en nous l’étincelle, chacun dans nos domaines respectifs, et qui nous permettait de travailler ensemble tout en nous accomplissant personnellement : une ferme-malterie.
Une quoi !?!
Eh ! oui ! Installés en banlieue de Montréal avec nos deux enfants , on laisse nos emplois, on vend la maison et on part à l’aventure au Témiscouata. On a la chance d’acquérir la petite ferme de mes beaux parents, située sur les bords d’un magnifique lac. Le rêve ! On n’est quand même pas pour laisser passer ça ! Mais pas question pour nous de nous contenter de faire de l’agriculture sur cette petite terre, il nous faut plus. D’où l’idée d’une malterie, pour transformer l’orge de nos champs en malt, destiné aux microbrasseurs.
Ceux-ci auraient enfin la possibilité de brasser de «vraies» bières québécoises puisque les ingrédients seraient aussi québécois ! Une première !
6 ans ! C’est long ! À l’époque on croyait être capables de tout accomplir en 2 ans ! C’est la naïveté du départ, cette foi inébranlable qui permet de défoncer les murs et d’avancer coûte que coûte à travers les embûches qui jalonnent le parcours de ceux qui innovent…
Sur ces 6 ans, cinq années ont été consacrées à la mise sur pied du projet (étude, plan, R&D, conception, financement, rénovation, test) avant de faire la première vente en 2008. Six années où on travaillait sur notre projet le soir, les fins de semaines. Parfois quand on avait de la chance, on pouvait se permettre quelques mois à temps plein. Mais puisqu’il faut financer ce projet là et faire vivre notre petite famille, qui s’est agrandie d’un 3e enfant entre temps, il fallait aussi travailler à l’extérieur.
Depuis 1 an, on a enfin des clients ! Une vingtaine de microbrasseries au Québec utilisent ou testent nos malts. On a même eu droit à une bière au nom de notre entreprise ! Mais les défis ne manquent pas et depuis peu, je me rends compte que je n’arrive pas à accomplir ce que je recommande moi-même à tous : un suivi client régulier. Je n’ai plus assez de temps de faire du développement de clientèle, de m’assurer que mes clients sont satisfaits et de voir à l’amélioration de nos méthodes.
Il est temps de passer à une autre étape. Il y a deux semaines, j’ai donc avisé mon employeur que je terminerais mon mandat à la mi-juillet. C’est aussi mon dernier billet jusque là parce que mon mandat se termine avec la réalisation du festival les Cartonfolies qui aura lieu du 25 au 28 juin. Je serai donc complètement dans le carton pendant les prochaines semaines !
On s’est installés dans une petite région où tout le monde se connaît, alors forcément nos employeurs connaissent nos ambitions professionnelles. Merci d’avoir cru en moi, en mon projet, de m’avoir donné la flexibilité d’horaire nécessaire à sa réalisation, de m’avoir encouragée et de m’avoir supportée tout en sachant que, tôt ou tard, je quitterais le bateau.
Ce n’est pas pour rien que j’ai adopté cette région comme la mienne ! Les gens y sont tellement généreux ! Et ils ont compris qu’une nouvelle entreprise est une force, mais qu’elle demande du support pour l’aider à émerger. Quelques employeurs compréhensif ont croisés notre route ces dernières années, mais il y a eu aussi d’autres intervenants, des personnes qui ont cru en nous et qui ont fait une différence. À tous ceux là, aujourd’hui je vous dis MERCI !
En attendant mon prochain billet, je vous invite à déguster une bière du Québec dans un de ces établissements ou à venir fêter au festival
Wow! C’est inspirant votre beau projet! Ça donne le goût de goûter à la maltbroue ou d’aller au Bien et au Malt à Rimouski pour goûter à une bière dont le malt provient de votre ferme. Questions : Quand le malt d’une brasserie artisanale au Québec ne provient pas de votre ferme, il provient d’où? Y a-t-il d’autres fermes malteries dans l’ouest du Canada? Quels sont les principaux pays exportateurs de malt? Finalement, est-ce que le goût du malt fonctionne un peu comme le goût du vin?
Dans une époque aussi virtuelle que la nôtre, je trouve que votre aventure est réconfortante et que tes articles sont inspirants tout en étant vraiment éducatifs. Bravo!
Bonjour ! Merci pour les commentaires positifs ! Actuellement, il y a deux malteries au Québec. MaltBroue (nous), qui œuvre dans le créneau des malts de spécialité et Malterie Frontenac à Thetford Mines qui se spécialise dans les malts de base. Dans une bière de dégustation on trouve de 70 à 90 % de malt de base et 10 à 30% de malt de spécialité. Le Malt de spécialité est celui qui changera la couleur, les arômes, le corps de la bière. En ce qui concerne notre créneau, une seule autre malterie au Canada produit des malts spéciaux et elle est située en Colombie Britannique. Si non, les malt spéciaux sont principalement importés des États-Unique, de l’Allemagne et de la Belgique. Et nous sommes la seule ferme-malterie en Amérique du Nord, c’est-à-dire que nous sommes les seuls à cultiver l’orge que nous maltons. Pour ce qui est des malts de base, le Canada est un très gros producteur. Une des différences de la malterie Frontenac réside dans le fait qu’elle malte de l’orge québécois.
En ce qui a trait au goût, oui, le malt a un goût différent selon la région d’où l’orge vient et même selon la saison où l’orge est malté. C’est un produit qui vient de la nature, donc il change. Notre défi réside dans l’uniformité du goût parce qu’il n’y a pas la même culture autour de la bière qu’autour du vin. Un amateur de vin s’attend à ce que le vin qu’il apprécie change selon les années, pas l’amateur de bière…
Finalement, aux dernières nouvelles, la maltbroue ambrée était disponible au dépanneur Jessop de RImouski et je t’invite aussi à profiter de la sympathique microbrasserie le Bien le Malt !