“On a de la suite dans les idées”, c’est une chronique radio diffusée tous les lundis à 11h30 sur les ondes d’Horizon FM. Avec Caroline Lavertu, je discute de la communication et de son impact dans nos vies, que ce soit du côté professionnelle ou sociale. Bonne écoute!
Chronique précédente: les styles de communication
Vous préférez lire la chronique?
CAROLINE
Comme on a de la suite dans les idées avec nos chroniques sur les communications, j’avais le goût de faire du pouce sur les aspects qui peuvent influencer nos communications avec les autres. La semaine dernière, les différents styles de communication ont bien illustré pourquoi, des fois, on ne se comprend pas. Maintenant, qu’en est-il des différences générationnelles? Je suis avec Cindy Rivard, stratège, conseillère et formatrice chez Oyez Communications.
Bonjour Cindy (…)
Alors, je pense que c’est une évidence, les différences générationnelles vont certainement influencer nos communications!
CINDY
Absolument Caroline! Tout dans les communications est une question de se mettre à la place de l’autre pour le comprendre. Et on est tous coupables de ne pas toujours se mettre à la place de l’autre! Qui n’a jamais entendu, ou même dit, la phase : « Dans mon temps, on faisait ci ou ça…! »
CAROLINE
Oui, c’est vrai ça!
CINDY
Les plus jeunes, eux, leur phrase préférée lancée à leurs ainés c’est « Tu ne comprends rien! »
Bien sais-tu quoi, ils ont raison, on ne comprend rien! Qu’est-ce qui arrive quand on se fait dire une de ces deux phrases-là?
CAROLINE
J’avoue, j’ai tendance à lever les yeux au ciel.
CINDY
Et la majorité des personnes font cela, moi la première! L’idée c’est de s’en rendre compte et de changer de stratégie. Et c’est encore mieux si l’on réussit à s’en rendre compte avant d’avoir répondu nos habituels arguments. Si on prend le temps de décoder ce qui se cache derrière ce type de phrase, on peut arriver à se mettre à la place de l’autre et c’est à ce moment-là qu’on peut engager une discussion intéressante.
CAROLINE
Peux-tu me dire ce qui se cache derrière ce type de phrase?
CINDY
Tout dépend de la situation dans laquelle elle est dite. « Dans mon temps… » Est-ce que la personne est nostalgique? Elle peut avoir juste besoin de se rappeler de bons souvenirs.
Est-ce qu’elle a peur du changement? Rares sont les personnes qui n’ont absolument pas peur des changements. Elle a peut-être besoin d’être accompagnée dans ce changement.
Elle peut aussi être inquiète? Rassurer une personne qui s’inquiète est mieux indiqué que de se braquer parce qu’on pense qu’elle n’est pas d’accord avec ce qu’on fait.
Elle peut aussi avoir besoin de considération. Quelqu’un qui nous dit « Dans mon temps… » a une expérience à partager. Elle a un vécu et peut souhaiter que ça soit utile à quelqu’un.
CAROLINE
Et on peut se poser les mêmes questions derrière la phrase « Tu comprends rien! »
CINDY
Exactement! Mais tu sais, gérer les différences générationnelles, c’est un gros défi! Présentement sur le marché du travail, il y a au moins trois générations qui se côtoient, mais ça peut aller jusqu’à 5 dans certaines entreprises! La génération silencieuse est composée de personnes qui ont plus de 72 ans. Certains sont encore sur le marché sur travail et côtoient la génération Z, qui est composée de personnes de moins de 21 ans. Entre les deux, on parle des baby-boomers, de la génération X et de la génération Y, aussi appelée les milléniaux. Ça fait beaucoup de monde avec des besoins et des attentes différentes ça!
CAROLINE
Oui, parce que le défi de la communication vient de là j’imagine! On a tous des attentes et des besoins différents.
CINDY
Oui. Et même si chaque personne est unique, il y a de grands courants qui nous permettent de mieux comprendre comment une personne a été influencée. C’est sûr qu’à ça, s’ajoute le contexte familial d’une personne, son contexte socio-économique, son histoire personnelle, mais les portraits généraux peuvent nous guider dans nos communications quand même.
CAROLINE
Oui, c’est sûrement très utile, parce qu’il me semble que les jeunes d’aujourd’hui, ceux qu’on appelle les milléniaux, ont le dos large! On entend beaucoup de commentaires depuis leur arrivée sur le marché du travail!
CINDY
Et qui fait ces commentaires Caroline?
CAROLINE
Les plus vieux bien sûr!
CINDY
Bien oui! Parce que dans mon temps, c’était bien mieux!
Écoute, il y a un monde de différences entre les générations. Si on prend juste les 3 générations les plus présentes sur le marché du travail actuellement et leur contexte économique, ça explique beaucoup de choses! Les baby-boomers sont arrivés sur le marché du travail au moment où il y avait une forte croissance économique, ils ont vécu le plein emploi et ils sont passés d’une économie agricole à une économie industrielle. La génération X elle, ça c’est nous autres Caroline, a connu la crise économique, la difficulté de trouver un emploi, la précarité. Finalement, les Y, ils ont connu la révolution internet. C’est la génération techno et la précarité ne fait pas partie de leur vocabulaire parce qu’ils ont intégré la notion de changement permanent et l’absence de sécurité d’emploi, ça fait partie de leur vie.
CAROLINE
Et si on ramène ces contextes aux communications?
CINDY
Ces contextes créent des besoins et des attentes différentes chez les individus. Le changement permanent et l’accès facile à l’information a changé la notion du temps chez la jeune génération. Ils sont impatients et ça se reflète dans tout, même dans leur désir de monter les échelons rapidement et d’avoir plus de responsabilités. Mais au lieu de le voir comme de l’impatience, si on le regardait d’un autre œil et voir ça comme de la productivité, déjà c’est différent.
CAROLINE
Mais encore faut-il avoir les compétences pour monter les échelons.
CINDY
Oui, tu as bien raison Caroline. Et la compétence est primordiale chez les jeunes de la génération Y, ça vient même teinter leur relation avec l’autorité. Alors que chez les baby-boomers, on respectait l’autorité d’un patron parce que c’était lui le patron, tout simplement. Les milléniaux eux, vont respecter le patron parce qu’il est compétent. C’est tout à fait différent comme approche et, personnellement, je ne trouve pas ça plus mal au contraire!
CAROLINE
C’est vrai, c’est toujours plus agréable de travailler avec des gens compétents. Ils nous aident par le fait même à développer nos compétences.
CINDY
C’est exactement ce que cherche la génération Y, se réaliser personnellement. Tu sais, avec les changements continuels, c’est quasiment normal qu’ils n’aient pas les mêmes motivations que leurs aînés au travail. Alors que les baby-boomers se dévouaient au travail pour le bien de l’organisation, les milléniaux, eux, vont se dévouer au travail parce que c’est un levier d’accomplissement personnel. Ça explique sans doute pourquoi on peut avoir l’impression qu’ils ne sont pas stables et passent d’un emploi à un autre. Si le travail qu’ils occupent ne présente plus de défis leur permettant de s’accomplir personnellement, ils iront voir ailleurs.
CAROLINE
Et on fait quoi pour s’assurer que leur travail a du sens pour eux.
CINDY
On communique! Avec toutes les générations qui composent notre équipe, bien sûr, et pas juste les milléniaux. Premièrement, on discute des besoins et des attentes de chacun. En connaissant ces informations, c’est beaucoup plus aisé de faciliter le travail d’équipe ensuite parce que tout le monde se sent respecté dans ce qu’il est. Et on n’est pas obligé d’être le patron pour décider de discuter de ça. Si je fais partie d’une équipe au travail, c’est une initiative que je peux prendre. Ça va rendre les relations beaucoup plus harmonieuses si tout le monde s’entend pour respecter les besoins et attentes de chacun.
CAROLINE
Et ensuite?
CINDY
Ensuite, il faut aussi se regarder le nombril! C’est beau discuter des attentes et des besoins de tout le monde, mais je dois être prêt à faire preuve de flexibilité et d’adaptation. C’est souvent là que les problèmes commencent.
CAROLINE
Oui, parce que pour un travail d’équipe efficace, tout le monde doit mettre de l’eau dans son vin et trouver des compromis.
CINDY
Exactement! La 3e chose à faire est de se trouver un but commun. En fait, si vous avez un but commun, ça va être beaucoup plus facile pour tout le monde de faire des compromis parce que vous allez avancer, tout ensemble, dans la même direction.
CAROLINE
Donc, je discute des besoins et attentes de chacun pour faciliter le travail d’équipe, je fais moi-même preuve de flexibilité et on se trouve un but commun.
CINDY
C’est en plein ça. Finalement, pour vraiment travailler ensemble, on peut prôner le jumelage intergénérationnel. Au début de la chronique je disais que le « Dans mon temps » était peut-être synonyme d’un besoin de considération.
CAROLINE
Oui, les baby-boomers ont une expérience qui gagne à être utilisée!
CINDY
Oui, alors pour les valoriser, on peut s’organiser pour qu’ils coachent un jeune et partagent leur expérience, mais l’inverse est aussi bon. Le plus jeune peut aussi apporter beaucoup au plus vieux.
CAROLINE
Tu sais qu’avec tout ça, on n’a pas beaucoup parlé de notre génération, la génération X!
CINDY
Ça doit être pour ça qu’on l’appelle aussi la génération sandwich! On est pris entre deux générations qui prennent beaucoup de place!
CAROLINE
Belle image! En conclusion Cindy, je sais que c’est court 10 minutes pour parler de toute l’importance de la communication interne dans nos organisations, mais je crois que ce qui se passe à l’interne va avoir un impact direct sur notre image publique?
CINDY
C’est tout à fait ça Caroline. On m’appelle souvent pour avoir des stratégies de communication afin d’attirer plus de clientèle, donc on parle alors de communication externe. Même chose si on est en recrutement pour notre entreprise. On communique alors à l’externe. Mais qu’est-ce qui se passe, tu penses, si ce qu’on communique n’est pas en cohérence avec ce que l’on vit à l’interne?
CAROLINE
La sauce ne prend pas.
CINDY
Non, pas du tout.
Si on dit à nos clients potentiels, « vient chez nous, tu vas vivre une expérience extraordinaire! » Mais, une fois sur place, l’ambiance est lourde et ne reflète pas du tout ce qu’on a promis, c’est un échec assuré.
CAROLINE
Comme on dit, les bottines doivent suivre les babines!
CINDY
Toujours! Et ça commence par soi. Quel que soit le sujet abordé en communication, ça part toujours de soi. Que ce soit dans nos communications interpersonnelles ou nos communications à l’interne, il est préférable d’abord de regarder ce qu’on fait nous-mêmes.
CAROLINE
C’est à réfléchir! Merci Cindy Rivard, stratège, conseillère et formatrice chez Oyez Communications. Et on peut te contacter si on veut y réfléchir et analyser ce qu’on fait avec une spécialiste en la matière?
CINDY
Oui, tout à fait! OyezCommunications.com pour trouver tous les moyens de communiquer avec moi.
CAROLINE
Parfait, alors on se retrouve lundi prochain à 11h30 pour une autre chronique « On a de la suite dans les idées! »