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“On a de la suite dans les idées”, c’est une chronique radio diffusée tous les lundis à 11h30 sur les ondes d’Horizon FM. Avec Caroline Lavertu, je discute de la communication et de son impact dans nos vies, que ce soit du côté professionnelle ou sociale. Bonne écoute!

Chronique précédente : les différences générationnelles et leurs influence sur nos communications

 

Vous préférez lire la chronique sur la prise de parole en public?

CAROLINE

Êtes-vous victime de glossophobie? C’est l’une des peurs les plus fréquentes chez les adultes. Avez-vous deviné de quelle peur il s’agit? …

C’est celle de parler en public. Peut-être que vous en êtes vous-même victime? Comment y faire face? On en parle avec Cindy Rivard, dans le cadre de notre chronique hebdomadaire sur la communication et son impact sur nos réussites, qu’elles soient professionnelles ou sociales.

Bonjour Cindy (…)

Cindy, j’ai lu que parler en public était la peur no.1 des gens, devant celle de la peur de la mort! Ça m’étonne un peu. C’est vrai ou c’est un mythe?

CINDY

Je n’ai pas d’étude précise à citer à ce sujet, mais plusieurs articles le mentionnent en effet. Les statistiques varient cependant de 40 à 75%. Ça dépend sans doute de la définition que l’on donne à une phobie. Je suis prête à croire que 75% de la population a peur de parler en public. J’en fais partie, même si je le fais quand même. J’appellerais plutôt ça avoir le trac.

La phobie, elle, peut vraiment devenir handicapante. La personne peut faire une crise de panique ou encore, tout faire pour éviter de se mettre dans la situation de parler en public. L’art de bien s’exprimer est un atout dans toutes les sphères de notre vie. Ceux qui ont une facilité avec l’art oratoire sont avantagés. On peut facilement imaginer que pour ceux qui évitent de parler en public, ça peut nuire à leur carrière ou à l’avancement de leurs projets.

CAROLINE

Alors toi Cindy, tu as peur de parler en public et pourtant tu donnes des formations et des conférences. Comment fais-tu?

CINDY

D’abord, il faut savoir que maîtriser sa peur de parler en public, ça s’apprend. C’est sûr que si j’ai une peur panique, il vaut mieux que je consulte un spécialiste pour creuser plus loin et trouver les causes de cette peur.

Si, comme la majorité de la population, j’ai le trac, et que je préférais être à des kilomètres de là plutôt que de m’adresser à un groupe, mais que je suis obligée, je vais le faire quand même. Eh bien, je vous le garantis, on s’améliore avec le temps. J’en suis la preuve! Même si je continue de stresser, d’avoir peur du jugement et d’avoir certains symptômes physiques, je sais que je m’améliore. Du moins, je le sens. Mes symptômes de peur sont différents d’avant et je gère mieux mon stress. D’ailleurs aujourd’hui, je cherche les occasions de parler en public au lieu d’avoir envie d’être ailleurs, c’est un signe indéniable qu’on peut s’améliorer!

CAROLINE

Quels sont les symptômes?

CINDY

Plusieurs vont se reconnaître. Même les plus grands acteurs en sont victimes après des années d’expérience!

Le cœur bat plus vit, on a des maux de ventre, des tremblements, on transpire, on peut même avoir mal au cœur ou à la tête. Dans mon cas, le symptôme très apparent dont j’ai réussi à me débarrasser est le tremblement dans la voix. Et c’est graduel comme disparition si je peux dire. Au début, tout le monde entendait ce fameux tremblement de voix. Ensuite, moi j’en avais conscience, mais les gens me disaient ne pas s’en rendre compte. Et finalement, aujourd’hui, il a disparu. Mais j’ai encore des symptômes, un peu moins apparents, mais qui doivent être gérés.

CAROLINE

Et comment fais-tu pour les gérer?

CINDY

Il y a plusieurs choses qu’on peut faire. La première, qui peut sembler simpliste, mais qui fonctionne vraiment, c’est de se préparer. Oui, ça peut arriver qu’à la dernière minute on ait à intervenir en public, pour une raison ou une autre, mais la majorité de temps, on peut se préparer. Pourquoi s’en passer?

CAROLINE

C’est vrai! Et qu’est-ce qu’on peut faire pour se préparer comme il faut?

CINDY

En plus de savoir de quoi on va parler, dans les grandes lignes, pour avoir les idées claires, on peut aussi s’entraîner. S’entraîner, ça inclut 2 choses: premièrement, se pratiquer à voix haute. Cette pratique permet d’affiner sa présentation et de repérer les points fables. Ça permet aussi de prendre de l’assurance dans la livraison de son message.

Se préparer, ça ne veut pas dire juste de pratiquer son texte, mais aussi apprendre à évoluer devant un public. On peut se filmer ou s’enregistrer, au moins pour voir comment on se comporte du côté de notre gestuelle ou de nos tics verbaux. En prendre conscience, c’est le premier pas vers l’amélioration!

CAROLINE

Mais la majorité des gens n’aiment pas s’entendre ou se regarder…

CINDY

C’est tellement vrai et c’est aussi mon cas. C’est simple à comprendre, on est le juge le plus sévère envers soi-même! Mais comment s’améliorer si on ne constate pas par nous-mêmes nos petits travers. Si vous n’êtes vraiment pas à l’aise avec cette suggestion, essayez d’avoir quelqu’un avec vous, en qui vous avez confiance, et qui saura vous indiquer les améliorations possibles.

CAROLINE

Dans tous les cas, ça prend une bonne dose d’humilité.

CINDY

Absolument, tu as bien raison Caroline!

L’autre aspect qui permet d’avoir une performance à la hauteur de nos attentes, c’est de bien connaître son audience. À qui est-ce qu’on parle? Est-ce qu’ils connaissent mon domaine d’activité? Est-ce que les mots ou le vocabulaire que j’utilise sont adéquats? Si c’est un public inconnu, une petite recherche internet peut nous informer. Si on a été demandé par quelqu’un pour venir présenter quelque chose, cette personne est bien placée pour nous informer.

CAROLINE

Est-ce qu’on peut réellement toujours connaître son public?

CINDY

Je dirais que dans la majorité des cas, oui. Parfois, il faut y mettre un peu du sien pour faire enquête, mais c’est important de savoir à qui on va parler. Il n’y a rien de pire que de préparer une présentation et se rendre compte, une fois sur place, que ça n’est pas adéquat pour ceux à qui on s’adresse. Là, on sent le stress monter en flèche! On pense parler à des adultes, mais ce sont des ados. On pense parler à des experts, mais ce sont des novices. On pense parler à une personne qui a un pouvoir de décision pour notre projet, mais c’est un intermédiaire. Bref, ça arrive souvent!

CAROLINE

C’est souvent parce qu’on tient pour acquis qu’on va s’adresser à un public précis!

CINDY

Oui, c’est en plein ça. Ça ne prend que quelques instants pour s’en assurer en plus! Je te donne un exemple qui va sans doute résonner chez plusieurs personnes. Est-ce que ça vous est déjà arrivé d’aller à une entrevue pour un emploi en pensant rencontrer une seule personne pour finalement vous retrouver face à tout un comité? C’est une situation courante, mais qui peut déstabiliser une personne qui a de la difficulté à parler devant plusieurs personnes. Il suffisait de le demander lors de la prise de rendez-vous. En fait, l’idée est d’essayer de ne pas se retrouver déstabilisé, ou du moins, le moins possible. Savoir en avance qu’on doit s’adresser à plusieurs personnes et non pas une seule, ça permet de s’y préparer mentalement aussi.

CAROLINE

Et une fois sur place, qu’est-ce qu’on peut faire pour contrôler notre fameux stress, surtout si on est déstabilisé?

CINDY

On peut arriver un peu en avance pour se faire une idée de la salle. Déjà de voir la grosseur de la salle, de savoir si on a un lutrin, un micro. Si c’est une table ronde, si on doit rester assis ou être debout. Tous ces détails nous permettent de nous mettre dans la situation en avance et avoir plus d’assurance. Même dans le cas d’un 5 à 7, où des tours de tables sont souvent faits, arriver en avance et choisir sa place en fonction de ce moment peut nous aider à gérer notre stress. Dans le cas d’une entrevue d’embauche, arriver un peu en avance nous permet de prendre le temps de nous calmer avant l’entrevue.

Ensuite, on respire un bon coup! Je vais te dire un secret Caroline. Quand je suis devant un groupe, j’ai tendance à parler beaucoup trop vite. Je ne crois pas que ça se remarque, mais moi je le sens! J’ai l’impression d’être essoufflée. J’en suis consciente, alors quand quelqu’un intervient ou pose une question, j’en profite pour respirer calmement pendant son intervention et reprendre le contrôle sur mon rythme.

C’est un peu ça le secret dans le fond, prendre conscience de ses petits travers et trouver des solutions pour y pallier.

CAROLINE

Mais j’imagine que la solution qui fonctionne pour toi Cindy, ne fonctionnera pas nécessairement pour quelqu’un d’autre.

CINDY

Non, en effet. Chacun est le seul responsable de mettre le doigt sur le rituel qui va lui permettre de baisser son stress. Que ce soit méditer, respirer calmement, écouter de la musique ou faire des exercices, essayer différentes choses, ou se référer à ce qui nous fait déjà du bien dans la vie de tous les jours peut certainement aider.

Et si on est déstabilisé par une situation, il n’y a rien de mieux que de faire preuve d’authenticité. Sachant que 75% des gens n’aiment pas parler en public, s’il y a une situation déstabilisante qui se passe, les ¾ de votre auditoire seront empathique, si ce n’est pas tout l’auditoire, parce que personne ne voudrait vivre la même situation. On garde notre calme et on peut même faire preuve d’un peu d’humour. Dire quelque chose comme : « Eh bien, je ne m’attendais pas à ça! », c’est aussi correct.

CAROLINE

C’est vrai que sachant que la majorité de gens n’aime pas parler en public, il me semble que ça vient relativiser les choses. Et puis, tout le monde a commencé quelque part un jour!

CINDY

Absolument! Et pour ceux qui commencent et qui ont vraiment le trac, il y a un truc qui va vous aider, mais au début seulement. Je dis au début seulement parce que ce truc vous empêche aussi d’avoir des informations importantes de votre public. Je m’explique. Si vous avez vraiment le trac et que vous n’êtes pas loin de la peur panique, regardez votre auditoire juste au-dessus de leur tête. Ça donne l’impression de faire face au public, mais ça vous enlève un certain stress parce que vous ne voyez pas les réactions des gens.

CAROLINE

Mais les réactions des gens peuvent nous donner de belles informations parfois.

CINDY

Oui, et c’est pourquoi je dis de n’appliquer ce truc que si VRAIMENT vous êtes en stress intense. Avec le temps, il vous faudra baisser les yeux et commencer à établir un contact visuel avec les gens. L’auditoire nous donne de bonnes informations sur sa compréhension ou son appréciation de notre message. Le problème, c’est lorsqu’on ne regarde que ceux qui ont l’air fermés à notre discours. Là, le stress monte encore parce qu’on pense que personne n’aime ce qu’on dit. Il faut promener son regard, et pour nous aider à rester enthousiastes, on repère ceux qui démontrent de l’intérêt pour ce qu’on dit. Les regarder souvent et voir leur approbation nous aide beaucoup à garder confiance.

CAROLINE

On voit que c’est vraiment tout un apprentissage que de parler en public!

CINDY

Oui, mais ça s’apprend. Si on évite toujours les occasions de parler en public, on ne peut pas s’améliorer. Et ça ne veut pas dire de parler devant des centaines de personnes. Juste d’oser faire une présentation devant quelques collègues de travail ou de se présenter avec plus d’assurance lors d’un tour de table, ce sont autant d’occasions de mettre de nouveaux trucs en pratique pour gagner en confiance.

CAROLINE

Eh bien, merci pour ces conseils! Et de quoi va-t-on parler dans la prochaine chronique?

CINDY

Bien, maintenant qu’on est capable de gérer son stress pour parler en public, on parlera de comment faire un pitch de vente ou, si tu préfères, comment présenter une idée de façon gagnante.

CAROLINE

Super! Alors on se retrouve lundi prochain à 11h30 pour une autre chronique « On a de la suite dans les idées! », avec Cindy Rivard, stratège, conseillère et formatrice chez Oyez Comunications.