Le nombre de selfies que j’ai faits se comptent sans doute sur les doigts d’une main. Je ne suis pas à l’aise avec cette tendance et pourtant, un article en particulier m’amène à réfléchir à ce nouvel outil de communication.

Dans l’article #Selfie, et si on parlait de marketing?, le paragraphe suivant m’a particulièrement interpellée:

Les marques doivent arrêter de penser que les selfies sont faits pour les jeunes qui ont des problèmes d’identité. Porter un jugement de ce type sur ce phénomène, c’est porter un jugement sur vos potentiels consommateurs et donc oublier l’un des fondements du marketing: toujours s’adapter à sa cible! 

J’ai eu l’impression qu’on s’adressait directement à moi. Oups! Une réflexion s’impose!

Une indigestion de selfies

Actuellement, je me désabonne de certains comptes Instagram qui ne sont utilisés, en majorité, que comme un album de selfies personnels. Trop c’est trop. Se tirer le portrait devant son spaghetti, avant d’entrer dans la piscine, en sortant de la piscine, en pyjama et on recommence le lendemain. Tout ça me donne une indigestion!

MAIS, parce qu’il y a un mais, il existe un public pour ça. Je ne suis pas ce public, mais est-ce que ça veut, pour autant, dire que je devrais boycotter cet outil de communication? Quand on voit des personnes avoir 1742 j’aime sur un selfie, il y a de quoi réfléchir. D’ailleurs, n’avez-vous pas remarqué que, souvent, les photos qui obtiennent le plus de j’aime sur nos profils Facebook sont nos photos de profil?

Le selfie, un outil de communication?

Ça fait déjà 2 fois que je mentionne dans mon article que le selfie est un outil de communication. J’y résiste et plusieurs autour de moi y résistent aussi. Est-ce un effet de l’âge? Il ne faut pas généraliser, mais je crois que oui. Et en disant cela, une alarme s’allume dans ma tête. Je sais que la résistance n’est pas une bonne stratégie quand on veut rester à jour.

J’ai sauté à pieds joints dans les réseaux sociaux, sans résistance, alors que ces outils en dérangeaient plus d’un. Le même article nous mettait en garde contre la pensée que tout ça était une mode:

Certes, cela fait maintenant 5 ans que ce phénomène existe et certains penseront donc que la mode est passée. Pourtant, 2015 est l’année du «selfie stick» et annonce la couleur. Alors voyez plus grand maintenant que nos bras sont plus longs. 

Combien de fois ai-je entendu ce commentaire, «c’est juste une mode», quand j’ai commencé à travailler avec les réseaux sociaux! Je me mets, moi-même, en garde de penser la même chose pour le selfie!

Pour une «selfisation» équilibrée

Il y a 2 types de personnes résistent aux réseaux sociaux: celles qui ne font que les critiquer en ne rapportant que leurs mauvais côtés (sans avoir testé eux-mêmes) et celles qui ont décidé qu’ils n’en avaient tout simplement pas besoin tout en laissant les autres tranquilles.

La chronique Contre la selfisation du monde donne à réfléchir aussi, mais elle ne présente que l’aspect négatif du selfie et de l’utilisation des réseaux sociaux pour exposer une vie idéalisée:

Votre séjour entre les collines vallonnées arrosées de Chianti, tout le monde est déjà au courant et tout le monde s’en fout.

Justement non. Ce n’est pas tout le monde qui s’en fout. Les publications négatives n’attirent pas la sympathie des gens, sauf si elles sont vraiment graves comme une maladie ou un décès.

Nos contacts ne veulent pas qu’on se plaigne ou qu’on râle sur les réseaux sociaux. Ils rêvent d’une vie meilleure et ils s’inspirent de celle des autres. C’est dangereux pour notre équilibre? À mon avis, ce n’est pas différent de la consommation de magazines à potins où on expose la vie des gens, de la consommation d’émissions du style Oprah ou de biographies. À chacun son style d’inspiration.

Selfie dans mon bureau. Chantale ne s’en ait même pas rendu compte 😉 En fait, ça me gêne de prendre des selfies!

Avec les selfies, je m’en allais dangereusement vers le type de personne qui critique sans avoir testé. Pourtant, après réflexion, je me rends compte que j’aime bien quand quelqu’un qui m’inspire publie, de temps en temps, un selfie.

Un selfie, utilisé avec discernement, met en contexte la personne avec qui nous avons développé une relation Web. Moi qui aime tant l’approche humaine des réseaux sociaux, je crois que ça peut effectivement créer un rapprochement entre les gens quand c’est utilisé avec authenticité. Et tant mieux si ça peut inspirer les autres à avoir une vie meilleure!

Une vie meilleure? Vous pensez que j’en mets trop? Voyez quelques initiatives que je trouve très intéressantes:

• Nathalie Lauzon et son livre Je suis belle, et vous? Étant membre du groupe dont elle parle dans cette entrevue avec Christine Michaud, je peux vous affirmer qu’elle inspire beaucoup de femmes!
• Geneviève Desautels, coach en développement de leadership authentique, a publié une série de selfies pendant ses vacances. L’utilisation du selfie n’est pas dans ses habitudes. Elle les a mis en contexte pour appuyer ses enseignements.

Côté marketing, les entreprises ont su utiliser le besoin de reconnaissance qu’ont les gens aujourd’hui en leur proposant de se tirer le portrait avec leur produit. Certains offrent des récompenses, mais d’autres offrent simplement le plaisir de faire partie du mouvement et de voir son selfie affiché dans une murale collective. Vous pouvez consulter, ici, quelques déclinaisons de selfies marketing.

Dans tous les cas, soyez authentique!

Je laisse le mot de la fin à Jean Gosselin, stratège en communication d’affaires. Il a été interviewé par Infopress concernant le Président Barak Obama et ses choix d’outils de communication. Sa conclusion convient tout à fait aux selfies:

«Le premier élément, c’est d’avoir la clairvoyance de savoir si c’est fait pour nous ou pas, affirme Jean Gosselin. Cela est applicable, qu’on soit politicien, athlète ou acteur: «Si l’on est incapable de faire ce qu’on nous demande, si c’est contre notre nature, ça ne servira pas le propos et cela deviendra une caricature.»

Alors, vais-je adopter personnellement le selfie? Seulement si cela sert mon message 🙂